Joyeux Noël !
Dochambé 21 qows 1384 (12 décembre 2005), je ne suis pas allée au bureau ce matin, pour terminer mes rangements, et trier ce que j'emmène et ce que je laisse à la guest house de MRCA, à récupérer à mon prochain séjour.
L'après-midi, je fais mes adieux à l'équipe, en terminant par le Dr. Stanekzaï qui avait soigneusement évité de me rencontrer ces derniers jours.
Séchambé 22 qows 1384 (13 décembre 2005), jour du départ, la journée s'ouvre par un tremblement de terre qui me réveille à 2h20 du matin... Je me retrouve dans le jardin, seule et frissonnante en pyjama dans le noir. Mon réveil est réglé pour 5h30, et je me rendors difficilement. A l'heure dite, la salle de bain est bien chaude, le poêle à bois ronfle sous le réservoir d'eau qui bout. La douche me met en train pour la journée.
Thierry de SAB se trouve prendre le même avion que moi vers Istamboul, car son vol de jeudi 15 a été annulé, et avancé au mardi. Il est furieux, mais ne peut pas faire autrement... Hier soir, il a fêté ses vacances avec les copains et ce matin ils ont la gueule de bois. Amélie et Jean-Michel se lèvent pour nous accompagner à l'aéroport et nous roulons dans la ville à peine réveillée pour y être vers sept heures.
Là, on nous dit que ce vol-ci aussi est annulé ! Il n'y a pas d'avion, nous dit-on, il a été réquisitionné pour le hadj. En effet, nous constatons que de grandes tentes ont été dressées dans l'enceinte de l'aéroport, où se pressent des files de pélerins en train de faire leurs ablutions du matin, avant leur embarquement pour La Mecque.
Nous sommes peu nombreux en carafe, sûrement pas plus d'une vingtaine, les autres ont probablement eu l'information hier soir... Les fonctionnaires nous enjoignent de nous rendre au bureau d'Ariana pour plus d'infos. Renseignement pris, ça n'ouvre qu'à huit heures trente, et en attendant nous décidons de nous offrir un petit déjeuner dans le tout nouveau hôtel Serena. Un cinq étoiles comme on n'en trouve que dans les pays du Sud. Le luxe puissance dix. Le buffet est garni de mets que nous n'avons pas vus depuis des mois (saucisses ! bacon ! fromages !), à tarif idoine, bien sûr. Mais ça nous console un peu.
Ensuite, il faut supporter les explications, excuses et atermoiements de rigueur. Les problèmes viendraient - officiellement - de l'annulation d'un contrat de leasing passé avec Lufthansa, pour la mise à disposition de deux avions spécialement pour le hadj. Sous le sceau du secret, on nous dit aussi qu'en fait des négociations sont en cours entre Ariana et Turkish Airlines pour l'attribution de la ligne Istamboul/Kaboul. Nous faisons les frais d'un épisode de leur guerre commerciale...
Enfin... à onze heures on nous annonce, au ministère des transports, qu'une solution sera trouvée le lendemain, et même - ô bienheureuse surprise - que la compagnie va s'occuper de trouver un vol de remplacement pour la suite de mon voyage. Ouf ! Mais j'attends de voir, quand même... Il m'a fallu trois heures à l'agence Arya Tourism avant d'obtenir un précieux papier, une lettre signée de la main du président de la compagnie, enjoignant au bureau Ariana d'Istamboul de me trouver un autre vol. Alors que j'attendais, l'un des employés a étalé à deux reprises, aux heures prescrites, son tapis de prière à côté de moi et entrepris la prosternation rituelle, qu'il interrompait à l'occasion pour discuter avec ses collègues des questions en cours !
Voilà l'Afghanistan...
Avec tout ça, j'ai eu le temps de flaner en ville à pied, et de faire quelques photos des montagnes enneigées.

Au carrefour de Salang Wat, les montagnes de Paghman dans le fond
   Au carrefour de Salang Wat, les montagnes de Paghman dans le fond
Tchahr-chambé 23 qows 1384 (14 décembre 2005), rebelote... C'est la voiture de SAB qui passe me prendre, avec Thierry venu récupérer ses bagages en attente. Nous sommes à huit heures à l'aéroport, et tout semble se présenter normalement : fouille des bagages symbolique, longues queues devant des fonctionnaires inutiles, attente interminable en salle d'embarquement : "Les passagers pour Douchambé... Les passagers pour Frankfort..." Tiens, ils auraient bien pû me mettre sur le vol pour Frankfort, non ? "Les passagers pour Kunduz...!" Mais qui peut bien aller à Kunduz en avion ? A l'enregistrement des bagages, le planton m'a regardée avec méfiance, comme si je voulais le gruger... C'est que mon billet est valable trois mois, et que ce délai expirait... hier, justement. Heureusement, le jeune Habib de l'agence Arya Tourism me porte secours pour expliquer que ce retard est indépendant de ma volonté.
Arrivée à Istamboul, je force un peu les files d'attente pour me trouver au plus vite en face du représentant Ariana. Et là, merveille, tout s'arrange comme sur du papier à musique : il m'a déjà réservé une place sur le vol Air France direct pour Paris, départ à 18h10 ! A ce tarif-là on pourrait presque souhaiter que les vols Ariana soient annulés plus fréquemment !
Dans l'avion, je me délecte de la presse française, Libération m'apprend qu'il y a grêve sur la ligne B du RER... C'est bien le retour, j'appelle Pierre-Loup pour lui demander ce qu'il a prévu... et finalement, c'est avec Mapie - dans sa toute nouvelle super 206 - qu'il passe me chercher à Roissy.
Pandj-chambé 24 qows 1384 (15 décembre 2005), atterrissage : je ne suis plus habituée à des journées si courtes ; à Kaboul il fait jour à six heures et demie le matin, et jusqu'à cinq heures et demie le soir.
Et je ne vous raconte pas les piles de linge et de vaisselle sales...
A très bientôt, pour de nouvelles aventures !
Pour me joindre : cliquez ici