Chak et Charikar... en boîte !
Dochambé 11 mizan 1384, 3 octobre 2005, l'équipe de tournage repart vers le Logar : interviews du directeur de l'hôpital de Pol-e Alam, et du Dr. Habib, responsable du programme Logar. Prasant, le réalisateur, souhaitait trouver une ambulance avec gyrophare pour symboliser l'activité médicale en ouverture de son documentaire. Sur place, il y avait un fourgon bleu marine Toyota, couvert de poussière bien sûr... Il en a été dépité, puis a tiré le meilleur de la situation en faisant une séquence de transport de patient qui a eu l'heur de le satisfaire.
Ensuite nous avons repris la route, ou plutôt un chemin de traverse de Pol-e Alam à la route Kaboul-Ghazni.
La plaine est densément peuplée autour des cultures irriguées qui lui donnent un aspect luxuriant, au pied de bloc de montagnes arides comme la lune. Et chaque fois qu'on s'arrête, ce sont des hordes de gamins qui surgissent de nulle part pour être sur la photo !

Route de campagne avec écoliers...
   Route de campagne avec écoliers...

Arrivés sur le magnifique ruban asphalté de la grand-route, nous avons demandé à un quidam assis là de nous indiquer le chemin de notre prochaine destination, Chak-e Wardak. Deux trajets étaient possibles, nous dit-il, l'un partant un peu plus au nord de la route, l'autre un peu plus au sud par Seyedabad. Lui allait sur un point de l'itinéraire du sud, et donc nous l'avons pris à bord pour nous montrer le chemin. C'est en passant par un col encore plus escarpé que ce que nous avions rencontré à Mangal (et qui a laissé Prasant au bord de la syncope) que nous avons compris que, s'il était le plus court, ce trajet n'était pas le plus usité...!
Dans le creux de la vallée, le long d'une rivière se trouve la ville de Chak, où se situe un hôpital que MRCA a géré de 1994 à 1997. Nous avons trouvé là Karla, une hospitalière allemande d'une cinquantaine d'années, qui travaille sur le site depuis sa construction en 1989, soit seize ans maintenant. A elle seule, cette femme est un monument...

Lac de barrage è Chak-e Wardak
   Lac de barrage è Chak-e Wardak
Séchambé 12 mizan 1384 (4 octobre 2005), début du ramadan... jour de congé en Afghanistan, afin de préparer dignement le rituel. Pendant le mois qui vient, nos collègues afghans arrêterons de travailler à treize heures, afin de se reposer avant la rupture du jeûne - commencé à cinq heures moins le quart le matin, et poursuivi jusqu'à six heures moins le quart le soir. La tradition dit que le rite élève l'âme : si l'on ne se sent pas sanctifié et que l'on devient une gêne pour son entourage, on doit s'arrêter de jeûner. La réalité, c'est que les planning passent de l'élastique à l'insaisissable, et que le président Karzaï vient d'instituer une commission spéciale pour renforcer légalement la pratique du jeûne par les Afghans.
Ce matin, je rencontrais le responsable du SCAC (Service de Coopération et d'Action Culturelle) à l'ambassade à propos du vingtième anniversaire de MRCA... et nous avons aussi évoqué la question de la traduction de mon livre !

Devant l'hôpital de Chak...
   Devant l'hôpital de Chak...

Est aussi venu se présenter aux services consulaires le nouvel habitant de notre guest house, Jean-Michel, arrivé à Kaboul il y a quelques jours pour remplacer Amélie d'ici un mois. Aujourd'hui, c'est Nora qui est malade, une fièvre due à un parasite intestinal, apprendrons-nous plus tard.
L'après-midi, je me suis fait une de fois plus piéger par les promesses des Afghans : j'ai attendu au bureau les joyeux compères de l'équipe de tournage... inutilement. Les excuses qu'ils m'ont fournies sont toujours aussi vaseuses.
Tchahr-chambé 13 mizan 1384 (5 octobre 2005), Nous devons partir pour Tcharikar à neuf heures... mais pas de véhicule disponible à l'heure dite, pas d'équipe de tournage engluée dans des déboires renouvelés, dont je ne veux même plus savoir la teneur.
Il est convenu par téléphone de se retrouver là-bas, à l'hôpital que MRCA a réhabilité de 2002 à 2004, avant de le remettre aux services du ministère de la santé.

Potiers au bord de la route
   Potiers au bord de la route

Kazim, directeur des opérations de MRCA qui avait été en charge de ce programme, y est accueilli comme un frère. Il est ravi, et se prête avec bonne humeur à l'exercice de l'interview video, jusqu'à ce que Jamshid, le caméraman, se rende compte que le son n'est pas bon, et qu'il faudra tout refaire, y compris l'interview des officiels de la province...!
Au moment de rentrer, quand Jamshid se tourne vers moi timidement pour s'enquérir de la suite du programme, j'ai dépassé mon seuil de bienveillance...
Pandj-chambé 14 mizan 1384 (6 octobre 2005), j'avais hier annoncé à Kazim que je ne voulais plus suivre le planning de Jamshid (son petit cousin), et qu'il aurait à s'en occuper lui-même.
Cet après-midi, les deux oiseaux, Jamshid et Prasant, sont arrivés au bureau sans prévenir, pour remettre les pendules à l'heure. J'ose espérer que la suite se passera plus sereinement...

La rue des potiers de Kaboul
   La rue des potiers de Kaboul

Djouma et chambé 15 et 16 mizan 1384 (7 et 8 octobre 2005): après les petits travaux ancillaires du vendredi, nous reprenons la route pour terminer le tournage par l'hôpital de Ludin, dans la plaine du Logar.

Transport de fourrage...
   Transport de fourrage...

En me préparant le matin, j'avais senti mon lit patiner sur la moquette de la chambre... et entendu les vitres cliqueter... ce qui m'avait précipitée dans l'escalier pour atteindre le jardin. Sabeq m'avait regardée passer avec l'air indulgent d'un vieux routard des frémissements terrestres. J'avais oublié cet incident quand un texto m'est arrivé de France : "Tout va bien ?" Ce n'est qu'en me connectant à internet dans l'après-midi que j'ai compris : le tremblement de terre a durement frappé dans les zones montagneuses du Pakistan, de l'Inde et de l'Afghanistan. Message personnel : a-t-on des nouvelles de Lahore ?
Yakchambé 17 mizan 1384 (9 octobre 2005), la réunion hebdomadaire du staff de MRCA passe à la moulinette de la caméra. Le Directeur doit aussi être interwiewé, mais il faudra revenir car il souhaite mettre sa cravate !
Ce soir, nous irons tous dîner au restaurant indien avec Michel, qui finalement rentre en France faire un peu de gras...
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