Brassage d'huiles
Dochambé 18 mizan 1384 (10 octobre 2005), la semaine va être travailleuse, entre la finalisation d'une brochure pour MRCA (qui était en attente depuis deux mois...) et la fixation des circonstances de la célébration du vingtième anniversaire. L'ambassadeur doit rentrer de France mercredi, et l'on pourra alors vraiment discuter...
Tchahr-chambé 20 mizan 1384 (12 octobre 2005), cette nuit, j'ai été réveillée par une explosion en ville... Une rocket, me suis-je dit, comme ont l'habitude d'en saupoudrer la ville des "éléments ennemis de la paix, de la reconstruction et du processus démocratique", selon la formule utilisée par le gouvernement pour désigner les talibans irréductibles.
Ce matin, les nouvelles annoncent le passage de Condoleeza Rice, que ces irréductibles ont donc voulu accueillir dignement en arrosant au hasard le quartier des ambassades (où je n'habite pas, rassurez-vous !) Cette fois-ci, pourtant, deux militaires canadiens ont été blessés.
Je lis aussi que Karzaï vient de changer ses gardes du corps, en remplaçant les dizaines de mercenaires américains qui en faisaient l'un des dirigeants les plus protégés au monde - et suscitaient le mépris de ses concitoyens - par deux cents militaires afghans. Commentaire d'un ami afghan : "He will soon be dead !"
Je rencontre le professeur Danesh, un francophone qui enseigne le droit à l'Université de Kaboul. Comme de nombreux autres juristes afghans, il a fait ses études en France. Il n'a malheureusement pas de temps à consacrer à la traduction de mon livre...
L'après-midi, un entretien avec le "Press and Communication Officer" de la délégation de la Commission européenne à Kaboul m'apprends que toutes les manifestations de "visibilité" de l'action de la Commission (qui est le donateur le plus important sur les programmes de MRCA) sont les bienvenues. Donc notre célébration est accueillie avec satisfaction.
Pandj-chambé 21 mizan 1384 (13 octobre 2005), Ce matin, dans le bureau du directeur du FCC (le centre culturel français qui partage des bâtiments avec le lycée Istiqlal), nous fixons en direct avec l'assistante de l'Ambassadeur la date de la célébration de MRCA : ce sera le 16 novembre. Notre manifestation pourra disposer des grandioses moyens du nouvel auditorium, rénové notamment par Arte qui devait l'inaugurer à la même période - ce qui a heureusement (pour nous...!) été reporté. Bémol à ma satisfaction, le hall d'entrée du Centre sera alors occupé par une magnifique exposition itinérante sur les mathématiques arabes, ce qui restreindra notre capacité d'exposer nos propres photos à l'enceinte de l'auditorium lui-même.
L'après-midi, à deux heures, nous interviewons un officiel de la santé. En l'absence de Jamshid, notre caméraman contractuel qui s'est fait pirater par une mission de tournage impromptue sur les sites du tremblement de terre au Pakistan, c'est une des camerawomen d'Aïna qui se présente pour le remplacer. J'ai reconnu Merieh, une petite jeune fille vive et rigolote que j'avais vue sur l'un des documentaires produits par Aïna à propos des femmes afghanes.
Le soir, l'ambassade a lancé des invitations à un cocktail organisé autour d'un sénateur ancien ministre de notre République, Jean François-Poncet. La petite histoire dit que soixante-dix personnes étaient invitées... et que cent cinquante ont répondu positivement (dont moi...!) Il faut dire que les occasions de sortie, ou de se rencontrer convivialement, sont très limitées. Après un petit frais au vénérable parlementaire, l'équipe MRCA a pu se présenter au nouvel ambassadeur, Régis Koetschet, qui s'est montré particulièrement attentif au devenir de l'association qu'il avait vue naître à Peshawar, alors qu'il était en poste à Islamabad.
Djouma 22 mizan 1384 (14 octobre 2005), il a fait très frais cette nuit, et aujourd'hui le ciel est couvert. Ça nous change, mais ce n'est pas plus agréable, surtout pour une journée de repos...
Chambé 23 mizan 1384 (15 octobre 2005), le temps s'est remis au beau, et comme pour faire oublier la mauvaise blague de la veille, les superbes roses du jardin resplendissent dans la fraicheur du matin.
Je passe voir le 'libraire de Kaboul', qui m'assure que mon bouquin ferait honneur à son étalage, si seulement mon éditeur, L'Harmattan, répondait à sa demande de lui en céder quelques-uns à conditions particulières. Il propose aussi des conditions de diffusion d'une version en dari selon des termes somme toute abordables. Affaire à suivre donc.
L'après-midi, bien que le ciel se remette au triste, nous allons au golf de Qargha que souhaite absolument expérimenter Jean-Michel. Il s'est déclaré enchanté de cette expérience peu conventionnelle : fair-ways en pierre, greens en sable mazouté, dénivelés sportifs, alors que le club house reste à ciel ouvert après quelques déboires explosifs...

Green kabouli...
   Green kabouli...

Yakchambé 25 mizan 1384 (16 octobre 2005), je participe maintenant aux réunions dominicales du staff... qui sont soumises aux mêmes aléas que les diverses tentatives d'organisation en Afghanistan. Aujourd'hui, c'est le directeur lui-même - qui avait pourtant tancé tout un chacun dimanche dernier à propos d'exactitude - qui est arrivé au bureau après l'heure prévue, neuf heures, pour déclarer le report de la réunion à l'après-midi, alors que certains étaient venus de loin pour y participer... De méchantes langues suggèrent que l'absence inopinée d'une membre du staff qui lui serait très chère serait à l'origine de ce caprice autrement inexpliqué.
Je vais en profiter pour faire mon rapport bi-hebdomadaire, que j'aurais plutôt voulu envoyer après la réunion du staff...
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