Concours de vacances
Dochambé 9 aqrab 1384 (31 octobre 2005), youpie, hier j'ai vu le ministre de l'Enseignement supérieur ! Stanekzaï était dans ses petits souliers mais archi-content de lui à la sortie du bureau du ministre. Moins drôle, il faut refaire l'invitation... Nous y mettons la dernière main, et... recevons de notre imprimeur une (provisoire) fin de non-recevoir pour ce travail ! En effet, à la veille des festivités de l'aïd, il n'y a plus en ville aucun artisan capable de produire le film nécessaire pour lancer la tâche sur ses machines off-set (les ouvriers compétents sont pakistanais, et repartis dans leur pays pour les fêtes).
Heureusement pour adoucir mon stress, aujourd'hui nous a été présenté le premier montage de la video MRCA. Ça fait tout drôle de voir sur un écran les vues que j'ai aidé à mettre en boîte les semaines passées. Mais le travail n'est pas fini, loin de là, bien qu'aujourd'hui soit la date contractuelle de livraison. Les torts sont partagés : le réalisateur s'est absenté deux semaines pour aller voir sa famille (en Inde...) ; et MRCA a pris quinze jours de retard dans les travaux de rénovation du Service de chirurgie réparatrice que nous voulons absolument voir - dans sa version flambante - sur la pellicule.
Hier soir, nous avions (à quatre expats) été invités à dîner chez l'un des médecin de MRCA, le Dr. Habib (chef de projet Logar). Comme Amélie et Jean-Michel étaient de messe, nous sommes arrivés chez lui alors que la famille avait déjà dîné - ramadan oblige. De toutes façons, comme il est d'usage dans les bonnes familles pachtounes, nous sommes restés dans le salon des invités où sont venus nous tenir compagnie le maître des lieux et ses enfants pendant que nous dégustions les préparations de l'épouse (elle aussi médecin, enceinte de huit mois et demie et apparemment assise à regarder la télévison dans la pièce à côté). Nous avons dû insister pour qu'elle accepte de se montrer trente secondes. Puis nous avons chacun reçu un cadeau... Pour moi, une mantille de pure importation chinoise, à porter dans les occasions très spéciales ;)
Séchambé 10 aqrab 1384 (1er novembre 2005), il faut faire le tour des imprimeurs, photocopieurs et autres laser-djetteurs pour notre invitation. Nous sommes pris par le temps, et le seul commerçant qui puisse nous fournir semble prêt à nous soutirer le maximum... Je réussis à obtenir un échantillon qui convienne aussi bien par sa disposition que par sa qualité... et il ne reste plus qu'à prier pour que la lune ne se montre pas ce soir...! (NB pour les béotiens : la fin du ramadan - et donc le début d'une période de trois jours chômés de festivités - est signalée à la première apparition de la nouvelle lune).
Notez au passage que si vous êtes en train de vous reposer (pour la Toussaint), nous travaillons... au grand dam d'Amélie, qui aurait bien voulu faire le méga-géant-viaduc-toussaint-aïd-week-end-local- -week-end-occidental (soit six jours) pour visiter Herat.
Pour moi, l'avantage est que je trouve PL sur le chat à une heure raisonnable, même que j'ai pu lui rappeler d'aller porter aux gentils membres de MRCA qui arrivent à Kaboul en fin de semaine le pull que je lui ai demandé il y a quelques temps déjà. Il me dit aussi qu'une note de lecture de mon livre vient de paraître dans Afghanistan Info. Moins drôle, il semble que son serveur soit bloqué par des attaques informatiques...
Tchahr-chambé 11 aqrab 1384 (2 novembre 2005), ça y est, le calendrier est complètement tourneboulé. La fin du ramadan n'a pas été annoncée cette nuit, mais plus personne ne sait si c'est un jour chômé ou non... Les personnels de province ont décidé de ne pas travailler de toutes façons, parce qu'ils sont fatigués. Tout un chacun est en train de faire ses dernières courses avant la fête ...et je dois récupérer mes invitations...! Le seul petit avantage, c'est que j'obtiens sans difficulté un rendez-vous demain à l'ambassade pour préparer notre petite sauterie du 16 (après la visite sarko-intero-ministérielle prévue le 8, qui agite bien le petit monde diplomatique).
Dix heures, un coup de fil m'indique que le travail est prêt ! Je me précipite en ville. Le jeune business-man arrogant d'hier semble encore plus arrogant... Il me tend le paquet qui contient mes cartons imprimés avec l'air de vouloir s'en débarrasser... Je regarde rapidement deux ou trois exemplaires... zébrés de traînées noirâtres d'encre mal séchée, maculés de traces de doigts, ou mal cadrés... Je proteste, il me dit qu'il m'en a fait 225 au lieu des 200 prévus pour me dédommager... alors je me mets à compter : 35 exemplaires impeccables, 130 exemplaires plus ou moins abîmés mais néanmoins utilisables en tablant sur l'indulgence des récipiendaires ("This is Afghanistan !"), et je refuse le reste. Au total, un travail bâclé en voulant faire du profit facile, et tout le monde est perdant...
Pandj-chambé 12 aqrab 1384 (3 novembre 2005), enfin l'aïd, une forte explosion cette nuit en ville nous annonce que certains l'ont fêté avec de très-très gros pétards... Au petit matin je conduis Amélie, Jean-Michel et Didier à l'aéroport d'où ils s'envolent vers Herat pour deux jours. Les chaussées sont dégagées, et l'on croise des groupes de piétons endimanchés, moutaïdi (j'ose le néologisme...)
À dix heures, rencontre avec l'ambassadeur, devenu subitement beaucoup plus disponible, pour cause d'annulation sarkozienne (on s'est laissé dire qu'il avait d'autres chats à fouetter...). Je ressors de l'ambassade avec tout un programme de réjouissance pour les quinze jours qui viennent ! Alors, voilà, vous êtes tous invités !
Aïd moubarak !
Djouma 13 aqrab 1384 (4 novembre 2005), au bureau, il n'y avait plus de fuel pour faire tourner le générateur... et il n'est pas question d'en faire chercher au beau milieu des fêtes. Pas de travail donc, une fois épuisées mes deux heures de batterie. À la maison, Nora et Stéphane préparent leur transhumance. Je regarde des CD en profitant des quelques heures d'électricité - devenue subitement plus abondante avec les fêtes.
Vers quatre heures de l'après-midi, Jean-Michel appelle d'Herat :"Avion annulé demain, faute d'un nombre suffisant de passagers... et peut-être même dimanche aussi !" Bon, j'ai compris, je devrai accueillir toute seule la présidente qui arrive demain.
Chambé 14 aqrab 1384 (5 novembre 2005), j'ai passé la nuit seule dans la grande maison. Au petit déjeuner, Sabeq, le tchowkidar, me fait un grand discours - en dari bien sûr - dont je comprends le sens général : il préfère que je reste à travailler tranquillement à la maison, là où il assure ma sécurité, plutôt que de me savoir en vadrouille toute seule à l'extérieur. Si quoi que ce soit m'arrivait, il ne se le pardonnerait pas ! (dit-il en faisant le geste de se trancher la gorge... le tout avec un grand sourire.)
Pour accueillir Anne-Marie et Jean-Marie, nous avons investi la VIP room de l'aéroport. À eux deux, Kazim et le Dr. Stanekzaï connaissaient la moitié des personnes qui se pressaient sur le tarmac. La télévision était déjà là, ainsi qu'une importante escorte aérienne...!

Escorte aérienne...
   Escorte aérienne...

Nous nous sommes laissés dire que deux ou trois ministres voyageaient sur le même vol... ce qui a peut-être un rapport avec les mouvements d'avions militaires qui ont déchiré l'habituelle tranquillité de l'aéroport. J'ai même vu décoller une patrouille de chasse (dont le doux rugissement m'a fait retomber en enfance).
Le soir, j'ai emmené la Présidente et son mari dîner au Sufi, le restaurant traditionnel de notre quartier. Ils y ont fait des rencontres amicales (la famille Majrouh, par exemple...). Eux aussi connaissent toute la ville !
Yakchambé 15 aqrab 1384 (6 novembre 2005), au petit déjeuner, Jean-Michel (de Herat) nous informe qu'un avion est annoncé pour onze heures... Peut-être que nos touristes seront arrivés en début d'après-midi... la réunion hebdomadaire les attendra. Au bureau, une surprise nous attend : le générateur est en panne...! Pendant que la bête monte l'escalier sur le dos des tchowkidars pour se faire transporter vers le bazar où l'on trouvera à la faire réparer (espérons-le !), Stanekzaï et toute l'équipe sont au garde-à-vous dans l'entrée pour saluer Anne-Marie... Une nouvelle semaine afghane commence...
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